(Une pensée toute particulière à Jean Philippe V, rencontré au cours de ma première participation, et disparu depuis. Nous pensons à lui, et à sa famille)
Trois ans après ma première participation, l'envie de poser les roues sur l'ile devenait de plus en plus tenace ...
On a donc pris le bateau le 11 octobre dernier à Toulon, après une traversée de la France sous l'eau ... Vraiment sous l'eau... les derniers kilomètres en arrivant sur Toulon furent un peu compliqués. Essuie-glaces au maxi, soufflerie pour évacuer la buée, j'ai passé 50 bornes à surveiller une Clio qui me suivait à 20 cm de l'aileron, probablement étonné de voir une Porsche se trainer à 90, tout en contrôlant les embardées de l'auto sur des coulées d'eau larges comme l'embouchure du Rhône ...
La traversée de Toulon se fait sans encombre, mais toujours sous des averses impressionnantes. L'équipe de RallyStory, Hervé et Stéphane en tête nous accueillent sous un barnum pas assez large pour abriter tout le monde, et l'ouverture de la pochette "surprise" contenant le road book, les numéros, les documents administratifs, et quelques petits cadeaux, se fera dans l'auto.
L'embarquement, moment normalement privilégié pour échanger avec les participants s'est transformé en sitting patient dans l'auto, à l'abri de la Mousson, qui en ce mois d'octobre 2012 s'était décalée sur le Var ... Le collage des numéros s'est fait "à l'arrache" (mais sans bulles) quelques minutes avant de monter dans le Ferry.
Beaucoup de Porsche , comme d'habitude... Et des autos déjà rencontrées en 2009.
Alfa Roméo Giulietta (1960). Il vous manque le son pour entendre le "double arbre" (en 2litres, pour l'occasion).
Austin Mini Cooper S
Retrouvailles avec une 458 rencontrée sur l'A6.
L'embarquement semble se préciser, au moment où la pluie semble vouloir se calmer. On reconnait la 997 de Sebastien, juste devant. Nous ferons une partie du rally ensemble.
Féfé 308 GTS
Morgan Plus 8.
A l'intérieur du ferry ...
Cherchez l'intrus ...
Une fois les autos rangées, direction les étages du dessus. Rapide passage dans la cabine, rangement des affaires, et on file vers la salle de restaurant avant que ce soit la cohue ... Quelques mots échangés avec Normi et Marcel ... Nous nous retrouverons au cours des trois jours.
Et ensuite, la "Mission", éplucher le road book ... Près d'une heure à pointer les passages sur la carte N°345. Cette année, les stabilos sont de la partie, on a moins l'air perdus qu'en 2009 ...
Voici le menu ! Enfin, la carte, en l'occurence ...
Vers 21h30, la cabine nous accueille pour une nuit somme toute très correcte. Traversée sans houle, mais avec les trépidations berçantes des machines.
VENDREDI 12 OCTOBRE 2012
Vers 06h, le message diffusé dans les hauts-parleurs du navire ne nous réveille pas, mais nous rappelle que trainer au lit n'est pas de mise aujourd'hui, même si la journée risque d'être longue ... Douche rapide dans ce qui sert de salle de bain ... surtout ne pas glisser et anticiper le roulis.
Dehors il fait encore nuit, et tout est trempé... Enfin sur le bateau !!... Au plus fort de la nuit, j'ai effectivement aperçu des éclairs impressionnants ... J'apprendrai plus tard que le Var et la Corse ont essuyé de puissants orages au cours de cette nuit.
Petit déjeuner en vitesse, en surveillant les affaires, et en essayant de penser à autre chose que ce roulis qui commence à me brouiller les esprits ... Penser à autre chose, et regarder au loin ... Les lumières d'Ajaccio, par exemple, qui se précisent doucement.
Au bout, là bas, c'est ..... Ajaccio ... La Corse ... Yessss !
Une fois débarqué, direction le rassemblement qui, cette année, aura lieu à la sortie de la ville, en direction de l'aéroport.
Remise à zéro du compteur journalier, et en avant ! Après 2 kilomètres, j'ai déjà 200m d'écart avec le RB ! Va pas falloir rêver et rester opérationnel, si on veut pas "jardiner" dans la montagne ... (Note à moi-même: me renseigner sur un trip-master pour la prochaine fois).
Le "rasso" avant le vrai départ ... Inspection des forces en présence ...
Caterham CSR 175.
Austin Healey 100M (reconstruite en alu)
Une magnifique Pagani Zonda F ... Fabuleuse auto, à voir comme à écouter d'ailleurs. Pas très à l'aise dans certains passages accidentés, toutefois ...
Aston Martin V8 Vantage.
Allez, quelques Canistrelli, un café, Corsé bien sûr, et c'est parti ... près de 250 kilomètres nous attendent.
Les points de passages ? Cauro, Bastelica, Bocognano, le Col de Vizzavona, (enneigé quelques jours après notre passage) Venaco, Corte, Calacuccia, repas au Col du Vergio, puis retour vers Ajaccio par le Col de Servi, Cristinacce, Sagone, et Porticcio, où notre hôtel nous attend. ... Si tout va bien ...
Et tout ira bien. Départ prudent, les routes sont un peu grasses, la mécanique est froide, moi aussi, et on essaie malgré tout de profiter des paysages.
La remontée entre Francardo et Calacuccia fut un peu plus rapide, en compagnie d'une Healey rouge, de la 997 de Sébastien, et d'une Lambo blanche. Parfois c'était même un peu ... juste, on va dire, surtout lorsqu'il faut croiser des autos ou camions qui redescendent ... Allez, on calme le jeu, j'ai besoin de mes rétros pour remonter sur Caen ...
Certaines autos roulent vraiment bien, à l'image de cette Stratos, qu'on entend dans la montagne, avant et après s'être fait "déposer".
Petite pause en montagne, à l'occasion d'un CP.
Ci dessous, l'arrivée au col du Vergio, pour le repas du midi.
Une Italienne, deux Allemandes, une Germano-Italienne, la Pagani Zonda:
L'après midi sera consacrée à la redescente sur Ajaccio, en passant par le Col de Servi, Sagone. Près de 250 kilomètres parcourus depuis ce matin, sous un soleil enfin revenu, sur les chataignes, et en évitant les vaches, cochons et chèvres parfois allongées sur la trajectoire.
Arrivée à l'Hôtel vers 17h15. Le cadre est superbe, et offre une vue imprenable sur le golfe d'Ajaccio.
Après un bain dans la piscine de l'hôtel, une douche réparatrice, direction l'hôtel Radisson, en navette, pour le diner, que nous passerons en compagnie de Normi, Marcel, Patrice, Manou, Bernard et Sebastien, et bien d'autres équipages, déjà rencontrés au cours de l'édition 2009.
SAMEDI 13 OCTOBRE 2012
Au réveil, l'ouverture des rideaux nous offre une vue magnifique sur la mer, et le golf. Le bruit des vagues fut un peu trop présent à mon goût durant la nuit, mais on n'a pas tous les jours la chance de dormir presque les pieds dans l'eau.
Après un petit déjeuner copieux, on décide de partir vers 9h00, pour être un peu en avance sur les autres participants. Mais tout le monde semble avoir eu la même idée, car nous découvrons un parking presque vide, et la Lotus de Normi, ainsi que la 997 sont déjà en train de tourner.
Après avoir un peu hésité, le Bertone finira par se réveiller ...
L'étape du jour:
Nous passerons par Propriano, Chialza, Bisene, nous jardinerons un peu du coté de Tirolo, où un chasseur nous indiquera poliment la route à suivre, (alors que notre attention se portera sur un renard mort, en train de sécher sur le panneau d'indication du village), puis Ceccia, Porto Vecchio, pour une arrivée en fin de matinée sur la plage de Palombaggia.
Le CP de Tirolo.
Le parking du restaurant de Palombaggia.
La plage. Certains profiteront du cadre idyllique avant de reprendre la route.
Après le repas, l'épape de retour nous offrira 140 kilomètres au travers du massif de l'Ospedale, Zonza, Quenza, Petreto Bicchisano, Pietrosella, pour une arrivée au Sofitel vers 18h, un peu fatigués. Cette dernière étape présente des portions dont le revètement est fortement dégradé, voire ... absent. Certains passages sont assez délicats, la chaussée est complètement défoncée, l'auto tressaute sur les saignées, les gravillons et cailloux, et croiser un autre véhicule est juste impossible.
Vérification du niveau d'huile sur le parking de l'hôtel ... Il est bon .... ! Evidemment, quelle question !
Un petit bonjour en passant à l'équipage de cette 308 GT4.
DIMANCHE 14 OCTOBRE.
Départ à 8h30 ce matin. C'est un peu la course, car il faut vider la chambre vérifier si rien n'a été oublié, et charger l'auto, en gardant sous la main la Go-Pro, l'appareil photo, le road book. C'est incroyable ce qu'on peut en mettre dans une 911, contrairement à une Elise ...
L'étape du jour: 315 kilomètres ! Départ de Porticcio, et cap sur la Balagne en passant par Mezzavia, Sagone, Cargèse, le Col de San Martino, Piana, Porto, Partinello, Curzo, le col de la Croix, de la Palmarella, le col de Morsolino, les environs de Calvi que nous connaissons bien, Lumio, puis l'Ile Rousse où un repas à l'Escale nous attend.
Je ventouse la Go-Pro à l'intérieur du déflecteur conducteur, et c'est parti. Bernard, nous suit. Seul ce matin, il ne peut suivre le Road Book, nous ferons donc la route ensemble jusqu'à Bastia.
5 minutes après le départ nous sommes déjà perdus ..."A droite ?? mais à droite ici ?? C'est la gauche ça, pas la droite... ! Tu suis un peu..?" On revient sur nos pas, et retrouvons finalement un trio de 911 classiques, perdues comme nous ... allez, on se lance, on verra bien. La première page du Road Book correspond à une boucle autour de Porticcio, certains ont dû le comprendre, et nous croisons une dizaine d'autos ce qui continue à m'inquièter.
En suivant le RB, on fini par retrouver confiance, et le rythme augmente un peu. La première partie jusqu'à Cargèse est magnifique, car nous longeons la côte, et je profite de chaque instant pour regarder la mer, le paysage, et m'imprègner de ces odeurs typiques de la Corse, et que je n'arrive toujours pas à décrypter.
Lors d'un arrêt à la sortie de Porto:
Le "Contrôle de Passage" et ravitaillement de 10h:
Au CP, nous retrouvons Patrice et Manou. Cette dernière nous propose de faire la route jusqu'à Calvi ensemble. "On y va cool" me dit elle ... Elle est mignonne ......Le jour où elle me dira "on va attaquer", je viendrai avec 200 chevaux de plus ... Nous redescendons donc sur Calvi, en passant par Piana, dont nous ne verrons que les enchainements gauche-droite et les falaises pas très loin ... des rétros ... Pas le temps de faire du tourisme, sinon Manou va nous mettre une "valise"... Nous faisons la route avec un Coupé AMG, la 997 de Bernard, et la 993 de Manou, en tête ... Go-Pro en action, je pense d'ores et déjà aux magnifiques vidéos que je me repasserai cet hiver ...
L'arrivée à l'Ile Rousse:
Vous reconnaissez la Giullietta ?
Une Austin Healey ...
Une Cobra ...
Un ferry ...
Nous reprenons la route vers 13h30 accompagnés de Bernard. 135 kms pour rejoindre Bastia. Mais nous avons le temps, l'embarquement n'est que vers 18h. Nous passons par le désert des Agriates, mais les premiers virages n'interviennent que quelques minutes après le repas ... Le silence dans la voiture en dit long, nous sommes nauséeux tous les deux ... Flûte, c'est pas le jour, d'autant que "les Agriates" c'est un peu le plat de résistance. Bon, on va faire cool, et en ouvrant les fenêtres ça devrait aller mieux ...
Rapidement, on se fait rattraper par les "monstres" comme la Gallardo, les 996 et 997 turbos, mais en arrivant du côté de Casta, finalement, tout le monde ralentit. Vu le nombre de ralentisseurs installés, cette portion n'est pas propice aux chronos.
Nous remontons sur Nonza et sa plage noire, Marina D'albu, Abro, Pino, Santa Severa. A nouveau, la route est hyper étroite, bosselée, vraiment pas agréable ... Pour la première fois depuis jeudi, j'éprouve un peu de lassitude ... J'ai hâte de retrouver des routes moins cassantes ... Et puis la Go-Pro fait des bip-bip inquiétants ...Bizarre ce bip-bip ?? Pourquoi fait-elle bip-bip cette co... de caméra ... ??
Bernard suit sans problème. (J'me traine en fait ...)
Peu avant Bastia, du coté d'Erbalunga, Mme Claudine Besanceney, plusieurs fois championne de France des rallies dans les années 60, au volant de sa 104 ZS.
Coucou l'Elise ...
Derniers rayons de soleil, avant de re-traverser la France dans l'autre sens.
La mini vue au départ ... et vue à l'arrivée ...
Les derniers kilomètres se feront en 6ième, sur un filet de gaz ... J'ai l'impression que l'auto fait des bruits partout, je psychotte sur la moindre vibration, cherche à tout prix une station pour faire le plein alors que le digital m'annonce plus de 200 bornes d'autonomie et redoute une improbable panne pour la première fois depuis jeudi. N'importe quoi ... La fatigue se fait sentir ...
A l'embarquement sur le Port de Bastia.
La chorégraphie recommence ... Et la musique aussi, sublimée par la salle de concert improbable qu'est le ferry.
Tous au fond, comme les cancres ... Il manque juste le radiateur ...
Spartiate le confort de la cabine.
Impossible de trouver le nom de cette Eglise ... si quelqu'un le sait ...
La remise des prix à bord du ferry.
On a le trophée ...(faudrait quand même y mettre de la mauvaise volonté ...)
LUNDI 15 OCTOBRE.
La nuit a été ... pénible ... La mer était très très formée, et la houle m'a empêché de dormir. Les mouvements du navire et les chocs répétés des vagues contre son étrave m'ont conduit à me demander si .... j'avais bien mis le frein à main, ou à défaut, une vitesse. Je m'imaginais découvrir l'auto en train de "flirter" avec la 458 Italia voisine, et faire un constat demain, avec le propriétaire et la Corsica Ferries ...
Je ne fus pas le seul à échaffauder un tel scénario, puisque certains s'imaginaient prendre place dans des chaloupes de fortune, avec un beau gilet orange autour du cou ...
Mais non, fort heureusement, tout s'est évidemment bien passé ...
Le petit dèj' sur le bateau fut un grand moment ... Le roulis ne s'estompait toujours pas, et c'est avec le teint blanchâtre et le coeur chaviré, si je puis dire, que les participants boudèrent le buffet. Ce n'est qu'une fois accosté et amarré que le ferry retrouva un semblant de stabilité.
Allez, on rejoint l'auto ... Je cache ma joie de la retrouver en place, et je prends conscience qu'il ne pouvait en être autrement. La nuit porte conseils, mais pas toujours les bons ...
Le débarquement prend cette fois-ci un temps fou, et nous attendons dans le garage, que les portes daignent s'ouvrir pendant près de 30 minutes. 1100 kilomètres nous attendent, il est déjà 9h, et je n'ai pas envie de trainer. Le temps semble clément pour le moment.
Pendant près d'une heure, nous roulons sur l'autoroute, parmi les autos du rally, en particulier avec la 458 blanche, la 997 GT3 blanche, une 430 rouge, puis tout doucement les autos se dispèrsent. L'étape du jour ? Simple: Toulon, Paris, Caen ! Pas besoin de road book, juste un peu de musique et un Coyote en alerte !
Retour sans souci, sans pluie ... Plus de vibration, plus de bruit dans l'auto, elle marche impeccablement, et nous ramène fidèlement à son point de départ. Près de 3200 kilomètres en 5 jours, dont 820 en Corse, et une bonne partie entre 4500 et 6500 tours/mins....
EPILOGUE:
Dès mon arrivée et sitôt l'auto vidée, je m'empresse de charger les vidéos de la Go-Pro... Mais, en vain ... La carte mémoire utilisée pourtant depuis le début de l'année semble avoir été endommagée ... Après quelques tentatives et recherches pour savoir comment en récupérer le contenu, je comprends qu'il me faut faire mon deuil. A Dieu veaux, vaches, cochons, chèvres et chataignes, à Dieu freinages et rétrogradages d'anthologie, oubliées les accélérations dans la montagne ... Ma déception n'a d'égal que le savon que j'ai passé le lendemain aux vendeurs (je sais ça ne sert à rien, mais ça fait du bien ...) de l'Enseigne dont le nom commence par un B, et qui contre toutes attentes, ne vend pas de pain ! Ma prochaine carte mémoire ne viendra pas de chez vous !!!
A cause de vous, je vais devoir refaire le rally en 2013 !